Le geste sonore comme objet d’analyse pour observer les pratiques musicales distinctives d’improvisateurs jazz

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Le geste sonore comme objet d’analyse pour observer les pratiques musicales distinctives d’improvisateurs jazz
2018/11
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Outre le choix des notes, qui est prescrit par une tradition commune, qu’est-ce qui distingue un improvisateur jazz d’un.e autre ? Qu’est-ce qui constitue leur « son », leur « signature » ? Les méthodes d’analyses plus traditionnelles n’étant pas suffisantes pour circonscrire l’entièreté de l’expression contenue dans l’improvisation jazz, nous devons nous tourner vers l’étude d’enregistrements de solos improvisés afin d’examiner la « performance » musicale, c’est-à-dire les éléments liés à la production du son par l’instrumentiste. Cependant, l’oreille pouvant omettre certains éléments au profit d’autres, nous avons adapté un modèle d’analyse par spectrogramme utilisé pour le chant en musique populaire. En ajoutant le visuel à l’auditif, ce modèle permet un inventaire plus exhaustif des « gestes sonores » contenus dans les improvisations, c’est-à-dire toutes manifestations sonores produites par des gestes instrumentistes effectués au sein d’un processus musical. Tirée d’un projet de recherche-création, une méthode autoethnographique nous permet de distinguer des gestes sonores tirés de mes propres improvisations et ainsi le comparer avec celles du saxophoniste de réputation internationale Chris Potter. Les analyses distingues cinq gestes sonores, subtils mais distinctifs, observés à partir des microvariations de hauteurs lors de l’attaque ou le déclin de certaines notes, de l’utilisation particulière de sons multiphoniques, du vibrato, des jeux de dynamiques et de bruits de clés.