Improvisation, jazz et dialectique negative

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Improvisation, jazz et dialectique negative
Ce travail de thèse propose une interprétation philosophique de l’improvisation musicale, particulièrement celle du jazz, à travers la Dialectique négative telle qu’elle fut conçue par Theodor W. Adorno. L’hypothèse principale développée dans ce travail consisté à montrer qu’il est possible de penser l’improvisation de manière philosophique à travers un philosophe qui a touché, mais n’a pas développé le sujet. Nous voulons démontrer qu’il est possible de continuer à penser à partir d’Adorno en s’engageant dans sa demande peu clair d’ouverture pour des objets situés en dehors du corpus qu’il a lui-même traité. Notre engagement dans la Dialectique négative se réalise notamment à travers sa capacité de pousser les objets aux extrêmes, pointant simultanément vers leur désintégration et leur caractère d’utopie. Comme nous allons tenter de le montrer tout au long de ce travail, l’idée de se pencher sur l’improvisation découle d’une prise en compte du temps social qui émerge au sortir de la Seconde Guerre mondiale et des brèves intuitions qu’Adorno avait alors eues concernant la réémergence de cette pratique. La thèse comporte trois parties plus un avant-propos. La première partie se divise en deux chapitres. Le premier est une exposition de notre interprétation de la Dialectique négative insistant notamment sur sa double ouverture : aux objets et à son incomplétude. Le chapitre suivant propose une description de quelques aspects de l’improvisation à partir d’un travail conceptuel autour de notions adorniennes telles que l’informel, la logique de la désintégration, le modèle et la constellation. La deuxième partie se subdivise en trois chapitres dans lesquels nous discuterons de la problématique de l’improvisation au regard de trois notions clefs de la pensée d’Adorno : la forme, le temps et la liberté. Pour chaque chapitre, l’idée sera de discuter des apports et des limites de la pensée adornienne pour penser l’improvisation. Finalement, pour la dernière partie de la thèse, nous proposons une lecture de l’histoire du jazz sur la forme d’une philosophie de l’histoire d’inspiration adornienne. Nous tenterons de montrer que l’improvisation peut être considérée comme le moteur donnant l’impulsion à un processus de développement immanent du jazz qui démarre avec un moment moderniste et radical en 1945 avec Charlie Parker, et s’arrête sur de multiples impasses autour de 1975. L ́approche philosophique adornienne nous aidera à montrer que ce processus n’était pas simplement un changement successif de figures musicales, mais qu’il s’est constitué comme une constellation de ces figures musicales. Tout au long de ce travail, en plus du corpus adornien, nous discutons le corpus philosophique et musicologique spécifique du jazz et de l’improvisation, ainsi que des écrits des musiciens, notamment ceux de Steve Coleman et de Steve Lacy.
Université de Lille
12/10/2021
556
https://pepite-depot.univ-lille.fr/ToutIDP/EDSHS/2021/2021LILUH030.pdf

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This item was submitted on December 21, 2022 by Ondine GUILLAUME using the form “Thèse” on the site “BiblioJazz”: https://bibliojazz-collegium-musicae.huma-num.fr/s/bibliojazz